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Ma formation de Juin 2018 : Activités ludiques et éveil sensoriel

« Les sens sont les organes de préhension des images du monde extérieur, nécessaires à l’intelligence »

(Maria Montessori, Pédagogie scientifique).

Définitions du jeu

Le jeu libre :

L’enfant explore sa pleine créativité et son jeu est poussé par une motivation intrinsèque sans contrainte extérieure. Seul ou en groupe, il contribue au développement, à la créativité et à l’épanouissement de l’enfant. L’enfant fait ses propres découvertes : il éveille ses sens, développe sa motricité, explore, développe ses facultés mentales et intellectuelles, apprend à se comporter socialement, à donner du sens à ses relations, à régler ses conflits.

 

Jouer est une façon d’appréhender la vie :

Le jeu chez l’enfant de moins de 3 ans est plus qu’une activité, une façon de se découvrir lui-même (son corps et ses capacités) et de découvrir son environnement (les autres, le monde, les objets), une expérience de la réalité.

 

« L’enfant ne sait pas qu’il joue, il découvre, il vit tout simplement : il ne vit pas pour jouer, il joue parce qu’il vit. Il apprend parce qu’il joue. » (Jean Epstein « L’explorateur nu », « Le jeu enjeu »).

 

Selon J. Epstein, il faut adapter le jeu selon l'étape dans laquelle se situe l'enfant dans son plan de développement psychologique-moteur-sensoriel (et non de son âge) qu'il découpe en trois parties : 

 

1/ Moi, le tour du propriétaire

Dans cette partie sont abordés les jeux propres à aider l'enfant dans une première recherche centrée sur lui-même : comment est-il ? qu'est-ce qu'il y a autour de lui ? L'enfant apprend à se connaître. Il faut donc favoriser les "jouets miroir" et ceux qui contribuent au développement de ses sens et de sa motricité.

 

2/ Moi et les autres

Cette phase s'étend de la crise d'angoisse ("angoisse des 8 mois") au moment où l'enfant devient capable de mettre en commun ses jeux avec d'autres enfants. Il faut y distinguer deux temps : dans le premier, l'enfant a peur des autres ; dans le second, il se confronte à eux. Pour l'y aider, il faut qu'il ait à la fois ses jouets ("son" ourson) et des jouets à partager : ballons, Legos... Cette période correspond également à l'apprentissage de la marche : les mains sont libérées et le petit y gagne une jouissance de tout ce qu'il peut attraper... Cette période est marquée par la possessivité extrême de l'enfant qui entraîne des relations agressives.

 

3/ Moi avec les autres

Le petit enfant joue harmonieusement avec d'autres. Il utilise les mots, court, saute, identifie par ses yeux, ses oreilles, ses mains. Cette période intervient très globalement vers 2 ou 3 ans, elle annonce, chez l'enfant, un réel plaisir de partager (jeux de société)... tout en conservant son univers !

Jeu et développement

Ma formation s’est axée exclusivement sur les activités sensori-motrices sachant qu’il existe d’autres groupes comme les activités psychomotrices ou les activités dites de « jeu symbolique ».

 

De la naissance à 8 mois environ (période d’acquisition de la permanence de l’objet, jeu de cache-cache) les jeux sensoriels et moteurs sont naturels et spontanés (réflexes) puis volontaires. Le nouveau-né ne saisit pas bien encore ce qui vient de lui-même, de l’Autre ou du monde. Pour découvrir ce qui l’entoure il met en jeu la parole et le corps de l’Autre mais aussi son corps, par petits morceaux.

 

« Il est important de comprendre que l’autonomie commence dès la naissance mais prend une forme particulière à chacun des stades de développement. Pour nous, les premières expériences de l’autonomie existent dès l’âge de nouveau-né dans toute activité initiée par l’enfant lui-même sans l’intervention directe des adultes et orientée par le plaisir et l’envie d’agir. Cette activité «autonome» initiée par l’enfant lui-même est source pour lui de multiples apprentissages dans les domaines psychomoteur, affectif et cognitif. C’est cet ensemble d’apprentissages autonomes qui, lorsqu’ils sont respectés, constituent les fondements de l’autonomie adulte. »

 

« Les enfants sont poussés par une force intérieure, un désir d’expérimentation de leur corps et des objets environnants. »

 

« Le bébé est ainsi capable d’agir de façon adéquate pour maîtriser ses mouvements, acquérir des connaissances sur lui-même, sur ses capacités corporelles et sur le monde matériel qui l’entoure. »

 

« Pour développer son autonomie, il a besoin d’expérimenter ses compétences par cette activité autonome. Nous considérons comme essentiel dans l’éducation de tous les enfants non pas d’éveiller et de développer le goût à l’activité autonome, mais :

-de maintenir et soutenir ce goût inné et naturel ;

-de le protéger pour qu’il ne soit pas inhibé ;

-de lui fournir les conditions qui favorisent son développement. »

Judith Falk de l’Institut Emmi Pickler.

 

A partir de 18 mois, les jeux d’expression manuelle permettent d’éprouver des sensations, d’exprimer ses goûts, de gérer ses émotions, de manipuler et développer la motricité fine, coordonner ses mouvements, développer sa créativité :

 

-les activités de matière (peinture, eau, sable, pâte à modeler, graines…) permettent le développement du processus symbolique (laisser une trace), le développement de la motricité (transvaser, boucher, éclabousser, remplir…) et le développement de son imaginaire (pétrissage, création).

 

-les activités auditives et sonores éveillent l’attention, l’écoute, le langage (comptines, livres, musiques…).

Aménagement de l’espace

Il doit être pensé afin de favoriser le regard entre l’enfant et l’adulte.

 

Les jouets doivent être en nombre suffisant, adaptés à l’âge, rangés par catégories et accessibles.

 

Pour permettre à l’enfant d’investir ses jeux, il est nécessaire de les cacher de temps à autre et de proposer des activités différentes d’une semaine sur l’autre.

 

Il sera fait du rangement un jeu auquel participe l’enfant : panier de basket, course au premier, chasse au jouet par couleur, ou rangement en chanson, etc…

 

L’espace de jeu doit bien sûr être sécurisé afin de laisser l’enfant libre de ses mouvements mais sans excès de sécurisation matérielle qui freinerait ses expérimentations.

Posture professionnelle

Le rôle de l’adulte accompagnant est d’abord l’observation. Le professionnel soutient l’enfant dans son activité par le regard, par un geste opportun, par la verbalisation qui nourrit le langage, favorise la confiance en lui et ainsi soutenir les acquisitions au rythme de chaque enfant par sa présence bienveillante.

 

La fonction principale de l’adulte est de favoriser l’activité autonome du tout-petit.

 

Le rôle des professionnels est de contribuer à l’épanouissement et au développement de l’enfant à travers les actes de la vie quotidienne et à la manière dont il investit son rôle. Ces temps d’activité comme le change ou le repas où l’adulte est dans une relation étroite respectueuse, attentive, et pleine de sens.

 

L’adulte est dans une position de disponibilité pour l’enfant. L’activité n’est plus « dirigée », elle est proposée, suggérée. On n’attend pas de résultat « fini », on laisse place à l’imagination et la créativité. L’adulte n’intervient que quand cela est nécessaire, il répond aux sollicitations de l’enfant. Il stimule en mettant à disposition le matériel que l’enfant va explorer à sa manière. Il encourage, guide et félicite.

 

Par la qualité de sa présence, l’adulte est le médiateur de la rencontre entre l’enfant, le jeu, et la personnalité de l’enfant qui se découvre. « C’est l’enfant qui nous invite dans son jeu ».

Le livre

Le livre a une grande place dans l’éveil sensoriel. Ce support fait appel à 4 sens : vue, odorat, toucher, audition, et quelques fois le goût…

 

Il offre une grande diversité de formats, poids, matières, couleurs…

 

Avec ou sans texte, on peut exploiter les images sans utiliser le texte. Le livre peut évoquer le quotidien de l’enfant, il s’y retrouve : c’est le livre miroir. Ce peut être un livre découverte du monde ou des saisons, un livre imagier/vocabulaire, un livre jeu/animé, puis les premières histoires à texte court.

 

La lecture avec les tout-petits s’inscrit dans un parcours mis en place dès la naissance.

 

Le face à face : le premier livre de l’enfant est le visage de sa mère. La voix, ses intonations et la mélodie de sa langue captivent le bébé.

 

" Parlons aux bébés. Chantons-leur des berceuses afin qu’ils entrent apaisés dans le monde du sommeil. Scandons pour eux des comptines qui colorent les voyelles, sonorisent les consonnes, répètent les syllabes, font rire les mots et les phrases. « De la musique avant toute chose », comme l’écrivait Paul Verlaine dans son Art poétique. Ajoutons quelques gestes, effleurements, chatouillis, caresses. « C’est la petite bête qui monte, qui monte, qui monte… Et qui fait guili, guili, guili. » "

Michel Defourny.

 

Nous pouvons lire des livres aux bébés dès leur naissance. Le tout-petit va entendre la poésie des mots, observer la bouche qui raconte, captivés. Progressivement, il va toucher les images, les mots écrits, puis voudra tenir et sentir le poids du livre, tourner les pages…

 

A partir de 6 mois, les jeux de surprises et les pages tactiles lui procurent de grands moments de plaisir. Vers 18 mois, le quotidien du personnage aura une résonnance avec sa vie. De 2 à 3 ans, il sera intéressé par le déroulement de l’histoire.

 

Les enfants aiment ouvrir, fermer, feuilleter ce drôle d’objet.

 

La voix de l’adulte transforme ces pages en mots, en histoires et en émotions. La lecture est avant tout relationnelle.

L’éveil musical

Déjà in utero, le bébé perçoit les rythmes physiologiques du corps de sa mère. Il baigne dans les sons externes, les voix, les musiques…

 

« Pour le jeune enfant, jouer de la musique est avant tout une rencontre vivante avec les sons. » Philippe Bouteloup, musicien et formateur, intervenant dans le secteur hospitalier et du handicap.

 

L’éveil musical fait partie du quotidien. L’enfant explore les sons, il teste, tape, jette, gratte, frotte, secoue les objets qu’il rencontre et vocalise. Proposer une découverte d’instruments aux petits, c’est le laisser expérimenter chaque objet-instrument. Des objets insolites, de formes et de matières différentes, peuvent être sources de bruit (tuyau, boîte, papier, métal…).

 

La voix est le premier instrument. Le tout-petit l’expérimente lors des jeux vocaux.

 

Les chansons à gestes, jeux de doigts, de visage, ou berceuses participent à l’élaboration du schéma corporel et de l’image de soi par l’imitation et le renforcement. L’enfant découvre les possibilités de son corps.

 

Les jeux de doigts partagés avec le petit dès qu’il commence à coordonner son œil aux mouvements de ses mains sont, derrière des apparences simplistes, extrêmement subtils. Le lien entre la voix et les mouvements permet à l’enfant de mesurer le temps (la petite bête qui monte). Les jeux de balancement introduisent l’enfant au sens du rythme.

 

La musique, jouée par l’adulte à l’enfant, est un temps d’échange, de transmission et d’émotions.

CLÔTURE de cette formation

Mon dernier jour de formation s’est orienté essentiellement sur le détournement d’objet dans un but d’éveil sensoriel, visuel, tactile, sonore ou olfactif.

 

Nous avons appris à confectionner notre propre matériel pédagogique dans la continuité du besoin de l’enfant d’investir son environnement. Cette activité avait pour vocation de nous inciter à l'élaboration d'autres jeux à partir d'une sensibilisation aux critères fondamentaux de développement des enfants et aussi de l'observation de leurs jeux spontanés.

 

Nous nous sommes donc affairées à créer de petits instruments insolites à base de bouchons de bouteille de lait et de ballon de baudruche que les enfants ont bien apprécié !

Ma prochaine session de formation en Septembre 2018 concernera la « gestion du stress et relaxation »...